Le pays qui attend l’intervention d’une vierge impuissante
Haïti, ce petit coin de terre, autrefois symbole de fierté et de résilience; n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. Plongée dans une crise interminable, elle vacille entre le chaos et l’oubli, ballottée par des dirigeants aussi absents que dépassés. L’insécurité dicte sa loi, l’économie s’effondre, les institutions s’effritent et le peuple, las, attend un miracle qui ne viendrait peut-être jamais.
Dans cette débâcle, ceux qui détiennent les rênes du pouvoir ne font qu’implorer une intervention extérieure, espérant le salut d’une vierge impuissante, figure illusoire d’un espoir qui n’a plus de force. Comme si l’avenir d’Haïti pouvait reposer sur une entité démunie, un symbole sans moyens, une attente vaine. Pendant ce temps, les rues continuent de brûler, les enfants à leur tour continuent de pleurer, et les honnêtes citoyens fuient un pays qui les trahit chaque jour un peu plus.
Ceux qui devraient agir se contentent de regarder, de supplier, de marchander un avenir qui ne dépend que d’eux. Mais rien ne bouge, rien ne change. La vierge impuissante reste figée, tout comme Haïti; pris au piège de son propre destin, suspendu entre l’illusion et l’abîme.
Et pourtant, malgré cette attente stérile, la souffrance du peuple, ne connaît aucun répit. Qui plus est, Dans les bidonvilles, les familles s’entassent, affamées et sans espoir. Les hôpitaux, dépourvus de moyens, deviennent des antichambres de la mort où les soignants, dépassés, tentent d’accomplir des miracles avec le vide entre les mains. Les écoles ferment leurs portes, abandonnant une génération entière à l’ignorance et à la violence.
Les rues de la capitale résonnent du fracas des balles et des cris de détresse. Les gangs, devenus les véritables maîtres du territoire, imposent leur loi par le sang, pendant que ceux qui prétendent gouverner continuent d’attendre l’intervention d’une entité qui n’a ni force ni volonté d’agir. Les discours officiels se résument à des promesses creuses, des appels au secours déguisés en stratégies politiques, tandis que les diplomates étrangers multiplient les réunions sans jamais offrir de solutions viables.
Haïti semble être devenue un navire sans capitaine, dérivant au gré des tempêtes sans qu’aucune main ferme ne vienne saisir le gouvernail. L’illusion d’un sauveur extérieur sert de prétexte à l’inaction, tandis que le pays s’effondre sous le poids de ses propres contradictions.
Mais combien de temps encore Haïti restera-t-il prisonnier de cette attente mortifère ? Combien de temps encore le peuple devra-t-il survivre au lieu de vivre ? La vierge impuissante ne viendra pas, ou si elle vient, ce sera trop tard. Il ne tient qu’aux Haïtiens eux-mêmes de rompre ce cycle infernal, de reprendre leur destin en main. Car l’espoir, s’il existe encore, ne réside ni dans une intervention fantôme ni dans les promesses vides, mais dans l’action concrète, courageuse et déterminée de ceux qui refusent d’abandonner.
James CHARLECIN

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